Femmes et Développement Culturel : Mariama Daff, Miss Guinée France 2017, au service de l’autonomisation économique des femmes et du changement social
De l’éclat des podiums au terrain du développement social, Mariama Daff incarne la puissance d’un engagement qui allie image, action et transformation. Ancienne Miss Guinée France (2017), elle est aujourd’hui présidente de l’ONG Force des Femmes, une structure qu’elle a pensée comme un levier d’autonomisation économique, sociale et digitale pour les femmes et les jeunes filles.
Entre formations, dotations en équipements informatiques, projets innovants et engagement communautaire, elle œuvre pour un futur inclusif et équitable. Son implication dans le projet Simandou 2040 à travers le programme PROFEF démontre que la beauté, lorsqu’elle est portée par la conviction et la vision, peut impulser un véritable changement de société.
Dans cet entretien, Mariama Daff revient sur son parcours, ses combats, les projets concrets qu’elle pilote et sa vision d’un leadership féminin ancré dans la solidarité et l’impact durable.
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Generations224.info : De Miss Guinée France à présidente d’une ONG engagée, votre parcours inspire. Qu’est-ce qui vous a motivée à vous engager dans l’autonomisation des femmes et l’accompagnement des personnes vulnérables ?
Mariama Daff : Mon parcours est avant tout une quête de sens. Être Miss Guinée France m’a permis de mesurer l’impact que peut avoir une voix féminine sur les sujets de société. Très tôt, j’ai été sensible aux inégalités auxquelles font face les femmes, surtout dans les zones défavorisées.
Créer l’ONG Force des Femmes a été pour moi une manière concrète de passer à l’action. Je crois profondément que chaque femme doit avoir accès aux ressources, aux outils et aux opportunités qui lui permettent de révéler son plein potentiel. Mon objectif est de donner une voix à celles qu’on n’entend pas assez, et de les accompagner vers une réelle autonomie sociale et économique.
À travers votre ONG, vous accompagnez des femmes et jeunes filles via des formations et l’accès à l’équipement numérique. Quels impacts concrets avez-vous observés chez les bénéficiaires ?
Mariama Daff : Les résultats sont très encourageants. Les femmes que nous accompagnons développent des compétences clés, notamment en informatique, en gestion ou dans des métiers techniques. Cela booste leur confiance, leur donne une plus grande indépendance et les aide à intégrer le marché du travail ou à lancer leur propre activité.
Pour les jeunes filles, nos formations numériques représentent souvent une première porte d’entrée vers des secteurs porteurs comme le digital, le graphisme ou l’administration. En valorisant leur potentiel, nous contribuons à leur émancipation et à leur insertion professionnelle durable.
Le projet PROFEF lié à Simandou 2040 est une initiative ambitieuse. Pouvez-vous nous en dire plus sur son objectif, les opportunités qu’il crée et les types de formations proposées ?
Mariama Daff : PROFEF (Projet de Formation et d’Employabilité des Femmes) est une réponse directe à la nécessité d’intégrer davantage de femmes dans les grands projets de développement comme Simandou 2040. Son objectif est clair, former 500 femmes par an pendant 5 ans, soit 2 500 femmes au total, dans des domaines à forte demande comme la conduite d’engins lourds, la mécanique, la soudure, les métiers portuaires et ferroviaires, mais aussi la gestion environnementale, l’agriculture durable et les métiers du numérique.
En leur apportant des compétences concrètes, ce programme leur permet d’accéder à des emplois décents ou de développer leurs propres activités économiques. PROFEF, c’est une passerelle vers l’indépendance, l’estime de soi, et une véritable contribution à l’économie locale.
Votre parcours prouve que la beauté peut être mise au service de grandes causes. Comment utilisez-vous votre image pour mobiliser autour de vos actions ?
Mariama Daff : Mon image d’ancienne Miss m’a offert une visibilité que j’ai choisi de mettre au service de l’engagement. Être belle, c’est bien. Mais être utile, c’est mieux. J’utilise donc ma notoriété pour porter des messages forts, créer des synergies avec d’autres acteurs, mobiliser des partenaires et inspirer la jeunesse.
Je suis présente sur le terrain, dans les médias, sur les réseaux sociaux, et lors d’événements pour défendre la cause des femmes et des plus vulnérables. Mon objectif est d’être un modèle d’action et de cohérence, et de démontrer que la beauté et l’intelligence sociale peuvent aller de pair.
Quelles sont selon vous les barrières majeures à l’autonomisation économique des femmes et comment peut-on les lever ?
Mariama Daff : Les obstacles sont nombreux mais entre autres, on peut citer l’accès limité à l’éducation, le manque de financement, la faible représentativité dans les réseaux économiques, les stéréotypes sociaux…
Pour les surmonter, il faut renforcer les formations professionnelles, faciliter l’accès au crédit pour les entrepreneures, encourager l’innovation féminine et surtout, changer les mentalités. Cela passe par la sensibilisation des communautés et des décideurs, mais aussi par la promotion de rôles modèles féminins. Une femme instruite, formée et soutenue est une actrice incontournable du développement.
En dehors de l’autonomisation féminine, quelles sont les autres actions concrètes portées par votre ONG ?
Mariama Daff : Nous avons plusieurs axes d’intervention. Sur le plan éducatif, nous avons lancé le programme “Soutien scolaire” dans des localités isolées comme Tayaki, presqu’île de Coyah, pour offrir des cours gratuits aux enfants défavorisés avec l’appui de l’Ambassade de la France en Guinée et en Sierra Leone.
Dans le domaine de la santé, nous menons des campagnes de sensibilisation sur le cancer du sein, organisons des dépistages gratuits, et avons entamé un projet de dons de couveuses pour les maternités.
Comme perspectives, nous ambitionnons d’étendre nos actions à l’échelle nationale, renforcer notre réseau de partenaires, et innover en réponse aux réalités du terrain. Notre vision, c’est un monde dans lequel chaque femme et chaque enfant, peu importe son origine, peut s’épanouir et contribuer pleinement au progrès collectif.
Entretien réalisé par Alpha Camara (Le Sérum)