31 ans après le film culte “Ballon d’Or”, son jeune héros brise le silence : “Je n’ai rien gagné, ils ont profité de moi.”
Trente et un (31) ans après la sortie du film emblématique “Ballon d’Or”, Aboubacar Sidiki Soumah, surnommé Bandian, refait surface. Celui qui a incarné en 1994 le jeune prodige du football africain dans l’œuvre de Cheick Doukouré, revient sur une aventure marquée autant par la lumière que par une profonde désillusion.
Âgé d’à peine 11 ans, il avait été repéré alors qu’il jouait au FC Jupiter de Kaloum et avait été choisi pour le rôle principal après un casting dans les écoles, après une première tentative ratée au stade du 28 septembre. “On m’a demandé de faire quelques jongles avec un ballon. Après ça, je ne suis même plus retourné à l’école”, confie-t-il au média Avenirguinee.com.
Tourné entre la Guinée et la France, le film “Ballon d’Or” a connu un succès international, faisant rêver de nombreuses générations d’enfants africains et inspirant une diaspora en quête de modèles. Mais derrière la légende du personnage, l’histoire réelle de cet enfant du quartier populaire de Sandervalia à Kaloum est restée dans l’ombre.
Aujourd’hui, Aboubacar Sidiki Soumah dénonce ce qu’il appelle une trahison : “Ce contrat était une imposture. J’ai pleuré en lisant enfin une copie que j’ai obtenue de Canal+ en France. Mon père l’avait signé sous pression, sans savoir ce qu’il faisait. Il ne savait pas lire”.
Aucune rémunération digne de ce nom, aucun suivi après le tournage, ni reconversion, ni encadrement : “Ils ont profité de notre naïveté. Nous n’avons rien obtenu, absolument rien.”
Avec le recul, l’acteur devenu adulte confie avoir longtemps eu des doutes, même envers son père, qu’il pensait lui avoir caché des informations : “Il avait perdu la seule copie du contrat. J’ai cru, un moment, qu’il voulait me cacher la vérité.”
Malgré la blessure encore vive, Bandian n’efface pas la portée symbolique du film : “Ballon d’Or véhicule un message fort : peu importe d’où tu viens, tu peux réussir. C’est ce que retiennent de nombreux jeunes, et c’est ce qui me touche.”
Aujourd’hui, il tourne la page en écrivant la sienne. Il annonce la publication prochaine d’un livre autobiographique, dans lequel il reviendra sur son parcours tumultueux, son échec scolaire, la chute de sa carrière footballistique et les cicatrices laissées par une gloire aussi fulgurante qu’incontrôlée. “J’ai décidé de raconter cette histoire pour que les jeunes aient de l’espoir, malgré tout.”
Alpha Camara
