Simandou 2040 : la Guinée envisage d’injecter plus de 900 milliards GNF pour son Palais de la Culture
Le mercredi 2 novembre 2022, un mémorandum d’entente, relatif au financement et à la construction d’un Palais de la Culture avait été paraphé entre le ministère de la culture, du tourisme et de l’artisanat, alors sous la direction d’Alpha Soumah “Bill de Sam”, et la société China State Construction Engineering Corporation, dans les locaux de ce même département.
Dans la continuité de cette initiative, le 10 janvier 2023, une visite du ministre Alpha et dix (10) membres de son cabinet a eu lieu sur le site de 7 hectares, situé à Sonfonia, derrière l’université Général Lansana Conté.
D’après la maquette du projet, le futur Palais de la culture comprendra une grande salle de spectacles de 1.600 places assises, une salle polyvalente (cinéma, conférences, formations, séminaires) de 400 places, une esplanade de 12 000 m², deux boutiques dédiées à la vente d’œuvres artistiques et artisanales, trois salles de répétition et d’enregistrement, un restaurant moderne pour banquets, ainsi qu’un complexe administratif.
Ce projet avait, dès sa première annonce, suscité des réactions mitigées. Certains jugeaient que le nombre de places assises proposé était trop limité pour une Guinée culturelle en attente d’un tel édifice depuis plus de cinquante ans. D’autres le considéraient, au contraire, comme un premier pas concret vers la création d’un espace de production artistique moderne, répondant aux normes internationales.
Invité dans un média, en janvier 2023, l’actuel ministre de la fonction publique et ancien secrétaire général du ministère de la culture, du tourisme et de l’artisanat, François Borouno, avait mis les points sur les i : “Au début le ministère avait voulu un Palais de 12 mille places, après discussion avec les techniciens et ingénieurs chinois qui ont été associés de l’étude menée à l’échelle mondiale et même continentale, on a trouvé que le projet n’est pas faisable… À l’échelle continentale, le plus grand théâtre, c’est celui du Maroc de 2 mille places qui n’est même pas encore inauguré. Après, vous avez, le grand théâtre de Dakar qui a 1800 places. Les gens ont dit que le Palais de la Culture d’Abidjan fait 4 mille places, mais il faut qu’on arrête. C’est plutôt 1500 places. » Avant d’ajouter « En Guinée, on a choisi 1600 places. Pourquoi ? Parce qu’avec 1600 places, on aura le troisième plus grand Palais de la Culture de l’Afrique après celui du Maroc et de Dakar. 1600 places de grand théâtre, 500 places d’une petite salle, et nous avons une esplanade de 10 mille places, mais une esplanade où le public restera debout”.
Courant juin 2023, le nombre de place a été revu à la hausse. Les nouveaux chiffres avaient été officialisés par François Borouno, secrétaire général dudit ministère à l’époque : “nous sommes à 5000 places aujourd’hui. Le Palais qui va être construit s’adapte aux standards et il se classe parmi les meilleurs Palais si on réussit à le réaliser. A date, nous avons 7 hectares à Sonfonya, le plan de masse est disponible, l’arrête du titre foncier également. C’est une propriété du secteur culturel”.
Le dossier du Palais de la culture a rebondi, presque deux ans après, précisément le 20 avril 2025, à Paris, lors du Forum Culturel Guinéen, avec de nouvelles informations sur ce projet tant espéré par le secteur culturel.
Selon la présentation faite par la délégation ministérielle, en la personne de Stéphane Kaba directeur du Bureau de stratégie et de développement (BSD), le Programme Simandou 2040, qui ambitionne de construire une Guinée moderne et ouverte, a inscrit la construction du Palais de la Culture parmi ses quatorze projets dit “prioritaires”. Le coût prévisionnel est désormais chiffré à plus de 952 milliards de francs guinéens, positionnant le Palais comme l’un des projets clés de cette dynamique nationale.
Conçu pour répondre à un double objectif, celui de disposer d’un espace culturel moderne aux standards internationaux, et de positionner Conakry comme un véritable centre d’éclat artistique en Afrique de l’Ouest, le Palais de la Culture s’aligne sur une stratégie plus vaste de valorisation culturelle et touristique.
Ce projet structurant est adossé au Programme Simandou 2040, un plan de développement financé notamment par l’exploitation du gisement de fer de Simandou, l’un des plus grands au monde. L’objectif affiché est clair, il consiste à transformer les ressources naturelles en leviers de progrès humain, culturel et éducatif.
Au-delà de la simple mise en valeur du patrimoine, les autorités de la transition, au regard des actions menées, promeuvent une vision culturelle ambitieuse qui fera de ce secteur, un véritable moteur de cohésion sociale, d’innovation, de rayonnement et de fierté nationale.
Le défi, désormais, est de réunir les financements nécessaires à la réalisation concrète de ces ambitions, et d’assurer l’intégration harmonieuse de cette nouvelle infrastructure au sein du tissu culturel et touristique du pays.
Alpha Camara