Concours Miss Élégance Guinée : lorsque la couronne cache le déshonneur et l’humiliation (TÉMOIGNAGE)
“Je n’ai jamais reçu ce qu’on m’a promis”, c’est par cette froide déclaration que débute le témoignage glaçant de Fatoumata Binta Baldé, jeune femme couronnée Miss Élégance Guinée en 2024, le vendredi 23 mai, sur les coulisses d’un concours qu’elle pensait noble.
À l’origine, une promesse alléchante composée d’une parcelle de terrain, un hectare pour l’agriculture, un voyage au Maroc, 10 millions de francs guinéens et l’accompagnement de son projet personnel. Or, selon elle, seuls les 10 millions ont été versés. Le reste ? Silence, déni, et mépris.
La Miss dont le mandat arrive à terme, ne s’arrête pas à ces manquements matériels. Elle dénonce un traitement indigne après son sacre : “des insultes, des pressions psychologiques, un contrôle permanent de ma vie privée”. Des comportements qu’elle qualifie de traumatisants. Ce qui aurait dû être une aventure d’émancipation s’est transformé en isolement douloureux. “On m’a humiliée, envahie, rabaissée”.
À cela s’ajoute une exploitation de son image. Bien qu’elle ait dénoncé ces agissements, elle affirme que les organisateurs continuent de l’associer à l’événement sur des supports de communication. Une atteinte flagrante à son droit à l’image, vécue comme une forme de double peine. “Mon image est toujours utilisée sans mon consentement”.
C’est probablement l’accusation la plus grave. Sans entrer dans les détails, elle laisse entendre avoir subi des pressions ou des représailles après avoir décliné des avances d’un sponsor : “Refuser des avances d’un sponsor est devenu un fardeau”. Une alerte qui révèle des dérives potentielles d’un écosystème trop souvent opaque, où les jeux d’influence étouffent les ambitions sincères.
Elle affirme, en outre, avoir tenté de résoudre le différend dans la discrétion, en envoyant des courriers officiels, en impliquant un avocat, en sollicitant des échanges respectueux mais en vain. La réponse, le déni, le silence, l’effacement. Jusqu’à ce que l’accumulation devienne insoutenable. “On m’a fait sentir que ma dignité n’avait aucune valeur”.
Aujourd’hui, la jeune femme prend la parole pour elle, mais aussi pour toutes les autres. Elle refuse que son nom ou son image soient associés à ce qu’elle qualifie de “vitrine mensongère”. Elle appelle à la justice, au respect, à la vérité : “Je dis stop. Je ne me tairai plus”.
Ce témoignage soulève une question essentielle : que se passe-t-il vraiment dans les coulisses de certains concours de beauté en Guinée ? Au-delà du strass et des paillettes, c’est tout un système qu’il faut interroger et assainir. Pour que la beauté rime enfin avec dignité.