Takana Zion a débuté sa carrière en 2007 avec son premier album devenu classique depuis Zion Prophet . Tout au long de son parcours, il a construit sa carrière avec patience, travail et obstination. Il a collaboré avec Sizzla, Capleton enregistré un album en
Jamaïque (Rasta Government) et tourné à travers le monde. En 2021, il a sorti l’album Human Supremacy chez Soulbeats. En organisant un grand concert le jour de la fête de l’indépendance de la Guinée, il a décidé de célébrer en musique avec son peuple ses 15 années de carrière.
Le rendez-vous est donné, dimanche 2 octobre au stade Nongo à Conakry. L’artiste et son équipe ont mis tout en œuvre pour que l’évènement soit mémorable. Il a convié des musiciens français avec lesquels il a l’habitude de jouer lors de ses tournées européennes, qui sont arrivés quelques jours avant afin de mettre en place le show. Deux jours de répétions intenses au cœur de Zion City, lieu culturel et évènementiel crée par Takana, regroupant un studio, un local de répétions, des logements, un restaurant, le situé dans la ville de Coyah à 50 km de Conakry.
Le temps de trouver leurs repères, le backing band met en place les arrangements des divers morceaux. Celui-ci est composé de Jason à la batterie, Junior à la basse, Jojo et Alex à la guitare, Daniel et Fayce aux claviers, Rico, Stéphane et Cédric aux cuivres, Dominique, Sandra et Denise aux chœurs et Serial P au son. Le set list se construit peu à peu, on met des titres, on en retire d’autres pour rendre cohérent le show. Mangana comme il est nommé en Guinée veut combler son peuple et ce n’est pas moins de 40 morceaux qui sont prévus à cet effet.
Takana est partout, avec le band pour caler les morceaux, avec les journalistes pour répondre aux interviews, mais aussi là pour régler divers problèmes d’organisation, affable et disponible pour chacun.
Musicalement la magie opère, les morceaux prennent vie avec une énergie particulière et même s’il s’agit de répétitions, Takana ne se ménage pas. Tiwony également invité pour le show assiste et participe aux répétitions. La nuit tombe sur Coyah, la musique raisonne encore dans Zion City. Au bout de deux jours de répétitions intenses le show est calé.
Le samedi est consacré à la conférence de presse qui a lieu à la maison de la presse à Conakry. Takana toujours avenant sait répondre avec justesse aux journalistes présents. De son côté, l’équipe technique est au stade pour finaliser le montage de la scène. Dans la soirée, Takana offre un moment mémorable aux musiciens, il les conduit au palais présidentiel afin de rencontrer le Président du pays Mamadi Doumbouya. Aucune photo n’était permise pendant cette rencontre.
Après 3 jours d’une météo incertaine, le ciel a décidé d’être clément en ce 2 octobre.
Tout est réuni pour que cette journée de la fête de l’indépendance de Guinée soit une réussite. Il faut savoir que la Guinée est le premier pays de l’Afrique francophone à avoir gagné son indépendance le 2 octobre 1958 avec à sa tête le président Sekou Touré. Sur la route nous menant au stade les drapeaux aux couleurs nationales le rouge, le jaune et le vert sont de sortis.
Lorsque nous arrivons en fin d’après-midi, il y a déjà beaucoup de monde aux abords du stade Nongo. Malgré quelques mouvements de foule, le public pénètre tranquillement sur l’esplanade où a lieu le concert. Les artistes se succèdent sur scène. Takana a souhaité convier le maximum d’artistes afin que tout le monde puisse participer à ce beau moment. La liste est longue. Nous pouvons citer entre autres King Alasko, Fish Killer, Sister Lessa…
Il est 21h lorsque le groupe s’installe sur scène. La foule a rempli entièrement la place, et voir environ 60 000 personnes amassées devant la scène laisse un souvenir immuable.
Les premières notes de nyabinghi résonnent, Takana fend la foule avec son escorte et accède difficilement à la scène, tout le public veut pouvoir toucher son artiste. Vêtu d’un costume blanc, il entame son show avec énergie et concentration accompagné par deux flagmen de chaque côté de la scène. Les titres s’enchainent, Zion prophet, My Music, Rasta Government… Sa discographie est riche et variée ce qui permet d’alterner les ambiances et les styles.
Le public est dans une belle énergie positive, c’est dans ces instants-là que l’on peut vivrez la puissance de la musique. Le concert se déroule sans encombres, juste dans la joie. Takana parle à son public et au fil du concert on peut voir son visage se détendre. La pression accumulée par la préparation du show s’estompe peu à peu et Takana sourit. Les titres proposés alternent le français (Jeune Fille) l’anglais (Give thank for life), le sousou (Sekou Ko No) la langue native de Takana…
Déjà plus d’une heure de show et Takana invite Tiwony, puis Xuman, un artiste du Sénégal, à partager quelques minutes de ce show mythique. Il est à noter que les 2 artistes se prêtent à un exercice difficile, arriver comme cela sur scène devant 60 000 personnes et donner le meilleur sans avoir le temps de se chauffer. Pourtant ils relèvent haut la main le défi et le show prend encore une hauteur supplémentaire.
Les musiciens également montrent une ardeur sans faille, malgré le voyage et deux jours de répétitions intensives, ils donnent le maximum pour honorer comme il se doit ce jour particulier. Takana entame son morceau Conakry dans lequel il clame son amour pour sa ville natale, le moment devient magique en entendant la foule chanter le refrain. L’artiste pioche aussi dans ses titres plus dancehall sortis en single ou sur ses compilations Black Mafia (Gbin Gbin…) .
Takana lors des répétitions a repéré chacune des personnalités et facultés des musiciens, c’est ainsi qu’il invite la choriste Dominique Larose pour un jam de Djembé, puis quelques morceaux plus loin il offrira un solo d’anthologie à la section de cuivre. La fin du show approche, nous sommes à 2H30 de show et Takana est toujours aussi endurant. Il entame Real Black Man issu de l’album Good Life, ska énergique sublimé par le band pour clore le show. Le sourire est sur les lèvres sur scène, mais aussi dans le public qui quitte tranquillement l’esplanade encore tout émerveillé par le show. C’est en voyant ce grand lieu vide qu’on se rend compte réellement de l’ampleur de l’évènement.
Un grand bravo à Takana Zion et à son équipe pour la préparation, la gestion et la réalisation de ce concert. Ils avaient décidé d’en faire un jour mémorable, on peut dire que ce moment fût mythique et mystique et une grande réussite qui a fait rayonner la musique en Guinée.
Un big up également à Max d’Iwelcom qui – de Paris – a participé à l’organisation de notre venue.