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A la rencontre de Kadiatou Baldé, détentrice de la couronne Miss Guinée Sénégal

Âgée de 21 ans aujourd’hui, Kadiatou Baldé est l’actuelle détentrice de la couronne de Miss-Guinée au Sénégal. Établie à Dakar pour faire ses études universitaires, elle a parallèlement pris part à l’élection Miss-Guinée dans ce pays voisin où vit une forte communauté guinéenne. Pour sa première participation, Kadiatou a remporté haut les mains l’élection Miss organisée par l’amicale des élèves, étudiants et stagiaires de Guinée au Sénégal. Son amour pour le monde de la beauté est né à Labé lorsqu’elle faisait le lycée. Son projet en faveur des enfants défavorisés a été un élément phare pour sa victoire. Africaguinee.com l’a interrogée. Dans cet entretien sans tabou, nous abordons des sujets tels que le viol, la consommation des stupéfiants. Notre invitée Kadiatou Baldé, en vacances actuellement à Labé, parle de son projet, des études et de ses ambitions.

AFRICAGUINEE.COM : Comment vous êtes-vous retrouvée au Sénégal jusqu’à aspirer et rafler la couronne de la beauté parmi tant d’autres beautés guinéennes à Dakar ?

KADIATOU BALDÉ : Je me suis retrouvée au Sénégal. Je suis née à Labé, presque tout mon parcours c’est ici d’abord. Toutes les études primaires et secondaires, je les ai faites ici à Labé. C’est l’obtention du Bac qui m’a conduite au Sénégal pour le cursus universitaire. Je prenais part aux compétitions de beauté notamment à Labé ici, bien avant de partir au Sénégal. Je ne me suis pas levée un beau matin pour me lancer à Miss-Guinée Sénégal. En local j’ai commencé par l’agence AR NA FA Guinée que je remercie pour tout le coaching. J’ai intégré à travers Sadiga Traoré et mon Kazaliou qui m’ont découverte en 2019 lors d’une édition de Miss-Boro ; à laquelle je représentais mon école Yacine Diallo. Je n’avais remporté cette compétition, j’étais plus tôt arrivée quatrième. Après Sadiga m’a demandé de rejoindre son agence et travailler ensemble. J’ai passé 3 ans avec lui, après je suis partie au Sénégal pour les études universitaires. Deux semaines après mon arrivée, j’ai vu les annonces de Miss-Guinée au Sénégal. C’est comme ça que l’idée de participer m’est venue et j’ai postulé parallèlement à mes cours de Marketing et communication pour lesquels il me reste une année.

Ce qui est atypique, dès votre arrivée, vous vous lancez dans quelque chose dans un pays que vous venez à peine de découvrir à travers les études. A un moment où vous aviez besoin d’adaptation et d’intégration d’abord. Qu’est-ce qui a réellement joué en votre faveur ?

J’ai une qualité ou un défaut. Je m’intègre très vite à une nouvelle vie. Le Sénégal c’est un pays juste à côté, partout où tu vas, tu retrouves des guinéens. Tu n’as aucun mal à te sentir comme chez toi. Je ne me suis pas du tout sentie étrangère, je me suis retrouvée au milieu des guinéens. J’étais avec les miens, une partie de ma famille est là. Ces conditions ont facilité mon intégration rapide. Franchement je n’ai pas eu le sentiment d’être hors de la Guinée.

Le concours Miss, c’est la visibilité, c’est être présent sur les réseaux sociaux sur scène…s’exposer. Même si la famille adhère à votre projet mais souvent tu es dissuadée par des voisins. A votre participation quel a été le souci si vous en avez eu?

Le début ne peut être que difficile pour presque tout le monde.  Par contre pour moi, la première opposition ce que la famille n’était pas d’accord à cause de mes études.  Pour elle, cela allait forcément perturber mes cours. Pour eux je venais d’arriver dans le monde Miss et ça allait impacter mes études. Côté social, c’est vrai, il y a parfois des blocages mais c’est normal parce que nous sommes dans une société assez conservatrice. Une partie de notre société pense qu’être Miss, c’est exhiber son corps, c’est de s’habiller de façon extravagante. Ce n’est pas tout à fait vrai. Certes, certaines le font mais c’est leur choix.  Ce n’est point une obligation. De mon côté, j’ai pu rassurer la famille, j’ai expliqué que ce n’est pas ce qu’ils pensent, il y a des choses qu’une Miss peut faire mais qui sont loin de s’exhiber. Voilà c’est parti de là, aujourd’hui c’est la confiance totale de la famille.

A Dakar, c’est à quelle échéance on organise le concours Miss ? Lors de votre participation, qui était là pour soutenir et motiver Kadiatou particulièrement ?

D’abord je commence par ceux qui m’ont encouragée. Ma sœur et certains proches étaient là pour me pousser. Bien que le début ait été tendu avec la famille, ma sœur et les autres sont restés derrière moi. Ils m’ont dit vas-y tu es assez mature, tu es grande, c’est toi qui sais ce que tu veux faire. C’est à toi de prendre le devant et tout le monde va se ranger derrière toi. La période Miss-Guinée au Sénégal normalement c’est au mois de décembre ; pour notre cas, c’était le 26 décembre 2022, mais pour des raisons d’ordre technique, cette date avait été reportée au 26 janvier 2023.

En matière d’élections Miss, ce n’est pas seulement la beauté, il y a les projets portés par les candidates. Qu’est-ce qui a pesé en faveur de vous Kadiatou afin que le verdict du jury vous déclare Miss ?

Miss-Guinée Sénégal, c’était 2 mois de répétitions avec 7 candidates en lice. Le nombre était plus important au début mais à la fin nous n’étions que 7. Chacune de nous devait porter un projet humanitaire. Pour moi, j’ai travaillé sur un projet d’aide aux enfants démunis et défavorisés. Je l’ai présenté le jour J, c’est grâce à ça. Ce projet m’a fait engranger plus de points parce qu’il était très pertinent. Peut-être c’est ce qui fait que les membres du jury ont été de mon côté(rires). A part ce projet il y avait beaucoup d’autres aspects et critères. A côté, ils ont donné un thème à défendre. La démarche également, il fallait rester intact du début à la fin sans sortir du contexte, tous ces critères étaient pris en compte. D’après le jury je suis restée dans le cadre jusqu’à la fin. C’est ce qui m’a valu la couronne aujourd’hui. Le concours Miss-Guinée au Sénégal est organisé exclusivement par des guinéens ; il s’agit de l’amicale des élèves, étudiants et stagiaires guinéens au Sénégal.

L’élection Miss-Guinée au Sénégal rapporte quoi à la vainqueure ? de l’argent ? des ouvertures ? Parce qu’en Guinée la Miss fait parler d’elle en termes d’argent, de voiture et beaucoup d’autres avantages grâce aux sponsors…

(Éclats de rire) ! les apports ont été énormes envers moi, je préfère les taire, des ouvertures, et des opportunités. Miss-Guinée Sénégal c’est une expérience que je suis en train de vivre. Une très belle expérience. Comme on dit, le meilleur reste à venir.

L’élection Miss-Guinée au Sénégal, la détentrice de la couronne peut-elle participer à d’autres éditions ou bien c’est fini une fois que vous remportez ?

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Il n’y a pas de limite pour prendre part à la compétition, à chaque fois que je décide de compétir, la voie est libre pour moi tout comme les autres qui ont gagné avant moi. Je suis libre aussi d’aller à d’autres compétitions, mais des compétitions qui vont te hisser plus haut, une façon de gravir les échelons. Il n’y a aucune interdiction de participer à autre chose. Je suis à ma deuxième année de mandat. Je m’engage à prendre part bientôt à une autre course.

Au-delà des élections, une Miss peut toujours avoir un projet de vie sur un domaine. Pour vous Kadiatou Baldé, qu’est-ce que vous avez dans la valise ?

Pour le moment, je n’ai pas touché d’autres aspects ; je tiens encore à mon projet sur les enfants que je continue de soutenir. On m’a accompagnée à faire un don à un orphelinat au Sénégal. J’ai aussi fait un don de fournitures scolaires au compte de l’année scolaire 2023-2024. Je n’ai pas d’autres projets, je garde mon domaine sur les enfants. Et à chaque fois que je mène une activité liée aux enfants, ça touche beaucoup de personnes. Cela suffit à mon bonheur, je pense aussi c’est à cause de ça que des personnes ou des structures m’accompagnent

Être Miss, c’est aussi partager les douleurs des femmes et filles dans la société. En Guinée, les viols sur mineur et d’autres réalités difficiles existent. Quel est votre état d’âme quand vous apprenez des cas ?

Le viol reste un sujet très sensible qui me brise le cœur que la victime soit mineure ou majeure. Je lance souvent des messages liés à des cas. Ce sont des situations compliquées et difficiles à vivre. Dernièrement, c’est une femme qui m’a contactée pour partager avec moi un projet par rapport à ces multiples cas de viol. A travers son ONG, elle souhaite soutenir ces femmes et ces jeunes filles victimes de viol voire séquestrées. Ayant une sensibilité profonde à l’égard de ces victimes, j’ai tout de suite adhéré à son projet, nous y travaillons. C’est vrai qu’aujourd’hui il y a beaucoup d’ONG qui luttent contre les violeurs, mais ça n’a pas encore cessé. La lutte ne doit non plus s’arrêter, il faut combattre le phénomène jusqu’au bout.

Récemment à Labé, une fille a été hospitalisée suite à une consommation de la Kush avec des amies à elle. Avez-vous aussi un regard sur ces travers sociaux qui touchent les filles ?

Les filles appelées à être mères demain doivent faire très attention autour d’elles. Nous devons savoir que tout nous rattrape demain. Aujourd’hui nous sommes jeunes, nous profitons de notre jeunesse mais il faut savoir comment en profiter. C’est difficile de dire à ton enfant de ne pas fumer si toi-même tu l’avais fait avant ou tu le fais toujours. Tout ce que tu ne peux pas conseiller à ton enfant de faire ne le fais pas. La vie ce n’est pas aujourd’hui, mais c’est demain le futur en quelque sorte. Les répercussions vont tomber tôt ou tard. La Chicha même est banalisée de nos jours, l’excuse qu’ils mettent devant c’est de dire que ce n’est pas de la cigarette alors que c’est de la fumée à l’image de la cigarette. A la longue ça risque de donner un cancer ; c’est dangereux pour les êtres que nous sommes. Il faut que tout le monde fasse attention surtout nous les filles ; il faut se protéger, la santé n’a pas de prix et elle est très fragile mais très précieuse il faut la préserver.

A comparer les études au Sénégal à celles d’en Guinée on voit un paradoxe. Ici les élèves et les étudiants prennent tout à la légère alors que de l’autre côté les guinéens jurent avec leurs études. En période d’évaluation c’est rare de voir un élève ou un étudiant. Qu’est-ce que vous avez compris autour ?

En Guinée, la légèreté c’est parce que peut-être les apprenants sont avec leurs parents. Ce que j’ai compris au Sénégal surtout ceux qui sont partis là-bas vivent beaucoup de stress avec les études. Tu n’es là que pour ça, il n’y a pas de parents à côté pour t’encourager. Personne ne te dit fais ça. Donc tu es là avec ta conscience seulement tout te revient, tu es partie exclusivement pour ramener un diplôme. Et il n’y a aucun moyen de tricher, tu as déjà à l’esprit, quoiqu’il arrive tu seras seul avec ta copie, tout viendra de toi. Les évaluations c’est à tout moment, chaque mois, chaque semestre tu dois réunir des notes et tu sais que les parents sont pays, ils ont investi des millions sur toi, il faut envoyer les notes afin qu’ils comprennent ce que tu fais de l’autre côté.

Toi-même tu te rends compte que tu n’as que ça à faire. Les études doivent être prises au sérieux partout. Que ça soit en Guinée ou au Sénégal, je demande aux jeunes guinéens de redoubler d’effort et prendre les études au sérieux même s’il y a ceux qui travaillent dur sur place, mais ceux qui négligent sont les plus nombreux. Les études c’est juste un temps, à un certain moment, à un certain âge même si on veut étudier pour se rattraper ; les priorités, les soucis ou les responsabilités nous empêcheront de le faire librement.

Prendre part à Miss-Guinée un jour fait partie des aspirations de Kadiatou Baldé ?

Bien sûr ! c’est un projet à long terme, actuellement je suis qualifiée d’office pour Miss-Guinée parce que j’ai un mandat en cours. Normalement les Miss-Guinée de la diaspora prennent part directement à la finale, elles ne participent pas à une présélection. Quand je décide d’y aller, je pars en Novembre à Conakry pour me faire inscrire. Mais pour l’instant je préfère attendre et me préparer. Ma participation à Miss-Guinée uniquement pour passer directement à Miss-Monde. Donc, si je sais déjà que je ne suis pas prête pour Miss-Monde, je ne ferai pas Miss-Guinée.

 

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