Ce vendredi, 11 octobre 2024, KandeLand Stadios a présenté l’avant-première du film BOYORODJAN dans la salle de spectacle du CCFG, devant un public composé de partenaires, de journalistes et plusieurs acteurs du secteur cinématographique et culturel, avant la sortie officielle en grande première prévue ce 18 octobre à Canal Olympia de Tombolia.
Mais, que veut donc dire BOYORODJAN, s’interrogererait un lecteur qui ne comprend pas la langue Malinke. Nous devons ce titre original à un mot malinke qui a un double sens : étranger et aventurier. Nous allons nous épancher sur le sens premier, car notre histoire évoque justement les pérégrinations d’un étranger venant d’une contrée lointaine dont le hasard de la vie et sa science ont fini par l’installer dans un village très éloigné de chez lui, où il a trouvé l’amour, la fortune, la protection et une famille avant de fonder sa propre famille dans ce même endroit. Toujours est-il que c’est un BOYORODJAN, un étranger, et à l’instar de tous les étrangers il est demeuré ce qu’il est : un étranger. Malheureusement, son orgueil, son obstination et son entêtement lui ont conduit lamentablement à sa propre déchéance, à la perte de tout ce qu’il n’avait jamais eu et dont il n’en aura probablement plus jamais. Le personnage principal, l’étranger, Mamoudou, a par se perdre et de tout perdre par orgueil.
UNE QUALITÉ IMPECCABLE D’IMAGES, DE SON ET LA PROMOTION DU TISSU DES LANGUES LOCALES
Toutes les nations qui se sont élevées, tous les pays qui se sont développés, toutes les sociétés qui ont imposé leur culture aux autres, sont compris que le septième art est un moyen puissant et indispensable de toutes les sociétés contemporaines pour façonner la culture, pour éduquer les peuples et les promouvoir les civilisations.
Évidemment, les réalisateurs de ce film ont saisi cela. C’est pourquoi dès les premières secondes du film de plus d’une heure, BOYORODJAN s’ouvre sur une vue panoramique des très beaux paysages de la Guinée. Un environnement qui met en valeur la végétation et les chutes d’eau dont la nature a gratifié notre pays. Ensuite, on découvre un petit village perdu dans un coin reculé avec une mère éprouvée par une maladie de son unique enfant : sa fille. Cette dernière sera soignée par un étranger venu d’un village lointain, très éloigné. Mais, l’élément le plus frappant d’entrée de jeu, c’est qualité d’image et de son que les producteurs sont parvenus à délivrer. Puis, ce sont les tenus arboraient par les acteurs. Tout au long du film, les personnages ont porté fièrement nos tissus locaux : du leppi, de forêt sacré et du kendely. Enfin, le choix des langues a été particulièrement intelligent, la principale langue reste le soussou, et le malinke comme langue accessoire dans le film. Le soussou, une langue propre à la Guinée pour la vulgariser et le malinke, une langue sous-régionnale pour conquérir un public plus large.
LE CONTRASTE ENTRE UNE MODERNITÉ ASSUMÉE ET UNE TRADITION VOULUE DANS UNE MÊME ŒUVRE
BOYORODJAN est une œuvre que les réaliseurs semblent avoir voulue purement traditionnelle par les scénarios. L’accoutrement et les différents tableaux en célébrant par exemple la virginité de la jeune mariée est une scène évocatrice. Seulement dans ce traditionnalisme voulu, il en ressorte des scènes qui affichent un modernisme assumée. L’exemple la plus frappante reste le manque de pudeur dont fait montre les deux personnages principaux qui contraste complètement avec nos traditions, ils se livrent à un flirte d’un véritable idylle avant même le mariage,
il y a également le fait que la Maman de l’actrice principale la laisse la liberté de choisir son époux et la complicité mère fille qu’elles entretiennent. Cela semble faire partie des scénarios pour créer sûrement une certaine ouverture.
UN BAD ENDING INATENDU ET INJUSTE
Dans nombre d’histoire que cela dans la littérature, la musique et dans le cinéma, l’amour finit toujours par triompher. C’est pourquoi la fin a surpris plus d’un. Lorsqu’on a interrogé l’acteur principal là-dessus, Cheik Oumar Keita a indiqué qu’ils ont voulu offrir une fin différente et auquel personne ne pouvait s’y attendre. C’est aussi une touche particulière qui vient s’ajouter à ce beau tableau.
Cette magnifique œuvre du septième art a d’abord séduis plus d’un téléspectateur avant de finir par conquérir les cœurs de tous les cinéphiles présents à cette avant première, et il va aller loin. Car, la réalisatrice nous a confiés que BOYORODJAN sera dans la plate-forme wido pour permettre au public d’avoir accès au film en streaming.
Isaac Yrrab