Sheba Queen, un parcours entre résilience et persévérance : “pour la musique, j’ai été attachée et frappée”
En Guinée, faire de la musique en tant que femme est souvent un acte de courage. Entre préjugés, abandon familial, et stigmatisation, les chanteuses doivent parfois braver bien des obstacles pour s’imposer.
Sheba Queen, artiste guinéenne mêlant dancehall et mandingue, n’a pas échappé à cette “règle”. Auteure du tube moun yigui kolon qui a cumulé plus d’un million de vues, elle est revenue sur son parcours semé d’embûches, sa lutte pour suivre son rêve, et les victoires qui en ont découlé, dans l’émission Lampadaire chez nos confrères de Kaback TV.
« En Afrique, lorsque tu as un rêve en tant que femme, ce n’est pas facile. Ils vont te contredire. Ils te feront comprendre que tu n’es pas faite pour faire de la musique. Sinon moi, j’ai été frappée pour la musique. »
Fille d’une famille où la musique n’est pas un héritage, Sheba a dû affronter non seulement les normes sociales, mais aussi l’opposition directe de ses proches.
« La première fois que mon père m’a vue sur la scène en train de chanter, il m’a attachée et il m’a frappée. » Ces mots glaçants traduisent les sacrifices qu’elle a dû faire pour sa passion. Elle se souvient des jours où chaque note chantée devenait un acte de défiance. Pourtant, son amour pour la musique était plus fort que les coups et les restrictions.
« Au final, ils ont vu qu’ils n’ont pas le choix que de me laisser faire ce que j’aime et que j’ai choisi. Vous savez, lorsqu’une personne choisit quelque chose, il est difficile de l’en dissuader. Il n’y a pas ce que je n’ai pas vu car il n’y a pas de griots dans ma lignée. Tous mes deux parents sont des Bangoura ».
La culture urbaine et les rythmes modernes ont façonné son identité artistique, mêlant son héritage mandingue à des sons contemporains.
Aujourd’hui, le dialogue avec sa famille est apaisé. « De nos jours, tout se passe bien entre ma famille et moi. Ils ont vu que la musique n’a rien à voir avec la délinquance ni une vie contraire à la dignité humaine. C’est un métier et une voie qui mène à une certaine autonomisation. Aujourd’hui, ils me soutiennent et, comme on le dit, finalement le temps m’a donné raison ».
Les efforts de Sheba Queen ont fini par payer, et son talent est désormais reconnu au-delà de son quartier. Lors des Victoires de la Musique Guinéenne, elle a remporté le trophée de la Meilleure Révélation, une récompense qui dépasse son identité artistique : « Lorsque je suis partie présenter le trophée de la Meilleure Révélation aux Victoires de la Musique Guinéenne à ma famille, c’était une fierté pour moi car l’accueil était chaleureux. C’est une première pour mon quartier, Simbaya, qu’un artiste remporte un trophée donc c’est une fierté. »
Sheba Queen est la preuve vivante que persévérer dans son rêve d’artiste, en tant que femme, peut transformer des obstacles en opportunités.
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A.C