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Acrobate et danseuse durant 68 ans au sein des Ballets Africains de Guinée, Hadja Mama Nana Cissé affirme : “je prends 600.000 gnf au BGDA”

Hadja Mama Nana Cissé, figure emblématique des Ballets Africains de Guinée, a consacré 68 années de sa vie à magnifier la richesse culturelle de son pays à travers le monde. Cette acrobate et danseuse, connue pour ses performances spectaculaires avec des calebasses, incarne l’histoire vivante de ce mythique groupe fondé par Kéïta Fodéba.

Née dans une famille pieuse, fille d’un imam, Hadja Mama Nana Cissé a suivi une trajectoire inattendue, guidée par sa passion pour la danse. Elle rejoint les Ballets Africains, devenant une ambassadrice culturelle de la Guinée sur les plus grandes scènes internationales. Ce groupe, créé en 1952, a laissé une empreinte indélébile dans chaque pays visité, témoignant de la richesse artistique et culturelle de la Guinée.

Des sacrifices pour une cause nationale

Malgré ses décennies de contribution inestimable, la pionnière fait face à une réalité difficile. Aujourd’hui, à la retraite, elle vit dans des conditions précaires : “j’ai fait 68 ans au sein des Ballets Africains. Vois-tu dans quelle condition je vis ? Je suis en location. Je n’ai rien gagné. Quand il pleut, l’eau coule partout. Regarde dans mon armoire tous mes habits sont tachés. Si tu vois là où je dors tu ne pourras pas regarder deux (2) fois. Mais moi, je me dis que toutes ces années au sein des ballets africains, c’est ma contribution pour la Guinée. Je vais continuer jusqu’à ma mort. Je n’ai pas les moyens de construire une grande maison”, confie-t-elle.

Pendant de nombreuses années, les membres des Ballets Africains ont travaillé sans salaire. Ce n’est qu’en 1975, sous la présidence d’Ahmed Sékou Touré, qu’ils ont été intégrés à la fonction publique et ont commencé à percevoir un revenu symbolique. Aujourd’hui, Hadja Mama Nana Cissé tire le diable par la queue : “En Allemagne, je faisais des acrobaties, j’ai eu une double fracture à mon pied droit mais on m’a soignée. Aujourd’hui je suis à la retraite et c’est seulement grâce à la prime que je prends (600.000 gnf cette fois-ci) au BGDA (Bureau Guinéen desDroits d’Auteur) que je joins les deux bouts. On a fait plus de 25 ans aux ballets africains sans salaire ; on ne connaissait pas l’argent. C’est en 1975, que nous sommes admises à la fonction publique grâce au président Ahmed Sékou Touré. Même en Europe on était prises en charge. On ne connaissait donc pas du tout l’argent. C’est quand on est admise à la fonction qu’on a commencé à nous payer pour avoir un peu d’argent de poche”.

Un héritage reconnu mais des défis persistants

Malgré ses difficultés, Hadja Mama Nana Cissé reste fière de sa carrière.

Cependant, elle regrette la perte de terrains qui lui avaient été octroyés par les présidents Sékou Touré et Lansana Conté : “On me les a dépossédés”, déplore-t-elle dans cette interview accordée à nos confrères du site Africaguinee.com.

Un espoir grâce à la reconnaissance actuelle

Hadja Mama Nana Cissé souligne l’importance des efforts actuels pour honorer les figures emblématiques de la culture guinéenne. Elle exprime sa gratitude envers Moussa Moïse Sylla, l’actuel ministre de la culture, du tourisme et de l’artisanat : “Grâce à lui, je suis une ancienne gloire reconnue. J’ai également bénéficié de la carte de prise en charge sanitaire”.

L’histoire de Hadja Mama Nana Cissé soulève des questions sur la protection sociale des artistes et la reconnaissance des pionniers de la culture en Guinée. Sa vie, bien que marquée par des défis, est un témoignage vibrant de l’impact des Ballets Africains sur la scène mondiale et de leur rôle dans la promotion de l’identité culturelle guinéenne.

 

A.C

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