Sans filtre, Abraham Sonty “Koundouwaka” fustige : “on ne doit pas applaudir des artistes qui chantent en insultant …”
Abraham Sonty, alias “Koundouwaka“, n’a pas mâché ses mots lors d’une sortie médiatique le mardi 18 février 2025. Face aux journalistes, il a pris position avec une franchise déconcertante, dénonçant les dérives de certains artistes guinéens qui se perdent dans la propagande et l’excès.
Pour lui, un artiste a une mission bien plus noble que de se transformer en porte-voix partisan au détriment de l’essence même de la musique. “Un artiste doit chanter pour tout le monde”, martèle-t-il.
À ses yeux, il est inconcevable d’insulter au nom de quelqu’un, que ce soit un proche, un président ou toute autre figure : “On ne doit pas applaudir des artistes qui chantent en insultant… La population doit les bannir, les détester”. Il rappelle que soutenir une cause ne signifie pas se prêter à la haine ou la division.
Et il enchaîne cette fois-ci, en pointant du doigt, l’entourage du président Mamadi Doumbouya : “Je le dis 10 mille fois que je ne suis pas satisfait de l’entourage du président”.
L’artiste ne cache pas son admiration pour Doumbouya. Il reconnait, après la prise de pouvoir par ce dernier le 5 septembre 2021, l’avoir comparé à Moïse, venu libérer les guinéens d’un système à bout de souffle. Mais il insiste sur le fait que l’unité nationale doit primer sur les intérêts personnels et la complaisance. “si tous les guinéens s’unissent aujourd’hui pour que Doumbouya fasse un bon changement, je vous jure, il va le faire.” Il en appelle à un sursaut citoyen, où chacun qu’il soit artiste, religieux, syndicaliste ou diplomate, joue son rôle pour impulser une véritable transformation.
Sonty a aussi marché dans le plat des citoyens qui applaudissent sans raison, qui privilégient l’ambiance au détriment du fond. “C’est le guinéen qui applaudit pendant cinq (5) ans sans savoir pourquoi il applaudit. Le guinéen aime l’ambiance même s’il ne mange pas. Aujourd’hui, dès que tu prononces le nom de « Doumbouya », les médiocres, ceux qui veulent des postes, même si tu le conseilles, on prend ça négativement. Mais comment peut-on avancer sans esprit critique ?”
Pour lui, une société sans opposition ni remise en question court à sa perte. Il n’hésite pas à le répéter : “Même avec un prophète, s’il n’y a pas d’opposition, il devient dictateur”.
En parallèle, il s’insurge contre le manque de professionnalisme d’une partie de la scène musicale guinéenne. Trop d’artistes, selon lui, se contentent de vivre au jour le jour, sans véritable travail de fond. “Ils ne répètent pas, ils n’ont pas de répertoire… Ils chantent juste pour qu’on leur donne la dépense du jour.” Une critique sévère, mais qui soulève un vrai problème ; le manque de rigueur et de discipline dans un secteur où le travail et la persévérance devraient être la règle.
Avec cette intervention, Abraham Sonty ne se contente pas de dénoncer, il interpelle. Il pousse à la réflexion sur le rôle de l’artiste et sur la responsabilité de chacun dans la construction d’un avenir meilleur.
A.C