Femmes et développement culturel : rencontre avec Hadja Tshillo Dia, Directrice Générale du 1er incubateur culturel de Guinée ‘‘Les Studios Kirah’’
Derrière chaque incubateur culturel florissant se trouve une direction visionnaire qui assure sa structuration, sa pérennité et son orientation stratégique. Hadja Tshillo Dia , récemment nommée à la tête du premier incubateur culturel et artistique de Guinée, Les Studios Kirah , en qualité de Directrice Générale.
À la croisée de l’administration, de la coordination de projets et de la prise de décisions stratégiques, elle œuvre à faire de cette structure un véritable tremplin pour les créateurs et entrepreneurs culturels.
Dans un secteur où l’innovation et la créativité doivent s’appuyer sur une organisation rigoureuse, elle illustre avec brio le rôle essentiel des femmes dans la structuration et le développement de l’écosystème culturel.
À travers cet entretien au compte du 1er numéro de notre rubrique « Femmes et Développement culturel », elle nous ouvre les portes de son quotidien, partage sa vision du développement culturel et met en lumière l’importance du leadership féminin dans la gestion des infrastructures culturelles et créatives.
Lisez !
Generations224.info : un incubateur culturel et artistique est un véritable moteur pour les créateurs et entrepreneurs du secteur. En tant que Directrice Générale, quel est votre rôle et comment veillez-vous à assurer son bon fonctionnement ?
Hadja Tshillo Dia : le fonctionnement d’un incubateur culturel peut être très exigeant si l’on ne possède pas une certaine sensibilité artistique. Au-delà de garantir la fluidité des activités de l’incubateur, je travaille activement à la mise en œuvre de programmes d’accompagnement destinés aux porteurs de projets culturels. Mon rôle est d’assurer une gestion efficace des ressources, de faciliter la collaboration entre les acteurs culturels et de veiller à ce que chaque projet bénéficie d’un cadre propice à son développement.
Vous êtes au cœur des décisions stratégiques et de l’orientation de l’incubateur. Comment votre leadership influence-t-il la structuration et le développement des projets culturels que vous accompagnez ?
Hadja Tshillo Dia : mon leadership se traduit par une vision claire, qui encourage les porteurs de projets à innover, à explorer de nouvelles idées et à repousser leurs limites. J’œuvre pour stimuler la créativité et la productivité de nos collaborateurs, car cette dynamique est essentielle pour maximiser l’impact des projets accompagnés et contribuer au succès global des Studios Kirah .
L’administration culturelle exige à la fois rigueur et créativité. Comment parvenez-vous à maintenir cet équilibre au quotidien pour répondre aux attentes des artistes et entrepreneurs culturels ?
Hadja Tshillo Dia : il est essentiel de maîtriser la gestion administrative tout en développant une véritable sensibilité artistique. Comme je l’évoquais auparavant, cela requiert une forte proposition de valeur, de la patience, un esprit vif, ainsi qu’une disponibilité physique et émotionnelle. La clé réside dans la capacité à conjuguer rigueur et flexibilité pour accompagner les artistes et entrepreneurs culturels tout en respectant les exigences structurelles d’un incubateur.
Les incubateurs jouent un rôle clé dans l’innovation et l’accompagnement des nouvelles générations d’acteurs culturels. Selon vous, quels sont les principaux défis et opportunités pour les femmes qui aspirent à intégrer ou diriger ces structures ?
Hadja Tshillo Dia : les responsabilités familiales et domestiques, souvent inégalement réparties, peuvent constituer un frein pour les femmes qui aspirent à intégrer ou gérer des structures culturelles, car ces fonctions demandent une grande disponibilité. Cependant, les femmes apportent un style de leadership méthodique, empathique et inclusif, qui se révèle particulièrement adapté aux incubateurs culturels, où la créativité et l’innovation sont au cœur des dynamiques.
Dans un contexte où l’entrepreneuriat culturel prend une place de plus en plus importante, comment percevez-vous l’évolution des incubateurs culturels en Afrique et le rôle des femmes dans cette transformation ?
Hadja Tshillo Dia : les femmes sont à l’origine de nombreux projets culturels innovants, qu’il s’agisse de mode, de musique, d’art culinaire, de cinéma, d’arts visuels ou encore d’artisanat. Elles utilisent les incubateurs comme des leviers pour structurer leurs initiatives et accéder aux ressources nécessaires à leur développement. Leur sensibilité aux enjeux sociaux et leur capacité à innover font d’elles des actrices majeures de l’économie créative. C’est une véritable leçon d’humilité de voir comment les femmes africaines prennent activement part à cette transformation !
Un dernier mot pour conclure cet échange ?
Hadja Tshillo Dia : Merci à Generations224 pour cette opportunité de partager ma vision et mon engagement en faveur de l’incubation culturelle en Guinée et en Afrique.
Entretien réalisé par Alpha Camara