Femmes et développement culturel : Aïcha Kaporo, quand le digital devient un levier de valorisation du patrimoine guinéen
Aïcha Kaporo, de son vrai nom Aïssata Soumah, incarne l’énergie et la vision d’une génération qui refuse les limites. Entrepreneure accomplie, coach en développement personnel, experte en ressources humaines et créatrice de contenu influente, elle jongle avec ses multiples casquettes pour transformer les opportunités en succès. Forte de 11 ans d’expérience dans de grands groupes internationaux en France et en Guinée, elle aurait pu se contenter d’un parcours classique en entreprise. Mais son ambition va bien au-delà.
Portée par sa passion pour l’excellence et son engagement pour la valorisation du savoir-faire guinéen, elle a fondé Kap’s Group, un écosystème regroupant plusieurs marques dédiées à la formation, l’animation événementielle, le digital et l’entrepreneuriat social. Défenseure du “Consommer Africain”, elle ne se contente pas d’en parler : elle le vit et l’incarne au quotidien.
Dans cette interview exclusive au compte de notre rubrique “Femmes et Développement culturel”, elle revient sur son ascension, les défis du digital, l’impact des réseaux sociaux, et surtout, le rôle crucial que peuvent jouer les créateurs de contenu dans le rayonnement culturel et économique de la Guinée à l’international.
Lisez !
Generations224.info : Comment définiriez-vous votre activité, devenue un métier à part entière, et quel a été votre parcours pour en arriver là ?
Aïcha Kaporo : Diplômée d’un Master 2 en Management des Ressources Humaines, obtenu dans une école supérieure de commerce en France, et forte de 11 ans d’expérience en ressources humaines dans de grands groupes internationaux en France et en Guinée, je n’étais pas forcément prédestinée à évoluer dans les métiers du digital et de l’influence. Mon travail acharné et ma passion ont parlé pour moi. Je me suis peu à peu imposée, sans vraiment le vouloir, dans le cœur et l’esprit des gens.
J’ai toujours été très perfectionniste et j’ai toujours aimé partager mes différentes passions avec les personnes autour de moi, puis avec ma communauté digitale. J’ai commencé à utiliser les réseaux sociaux il y a une dizaine d’années et mon travail dans le digital s’est professionnalisé aux alentours de 2020. Aujourd’hui, je suis formatrice et coach en développement personnel, en RH et en techniques de recherche d’emploi, mais je suis surtout entrepreneure digitale et sociale, ainsi que fondatrice de Kap’s Group, une entreprise spécialisée dans la prestation de services, la formation, l’animation et le commerce général, qui regroupe plusieurs marques.
Aujourd’hui, je suis ce qu’on appelle une créatrice de contenu et une influenceuse, bien que je n’aime pas trop cette appellation, que je trouve un peu prétentieuse. Je mets en avant les produits et services des entreprises et des marques et je crée du contenu impactant autour de la culture, la mode, la nourriture, la musique, l’art et plus globalement du lifestyle.
Generations224.info : Les réseaux sociaux sont un puissant levier de visibilité, mais aussi un espace de critiques et de pression. Quels sont, selon vous, les avantages et les défis majeurs du métier d’influenceuse/créatrice de contenus ?
Aïcha Kaporo : En effet, lorsqu’on est influenceur ou créateur de contenu, on gagne énormément en visibilité, mais aussi en opportunités.
Les marques et entreprises nous sollicitent de plus en plus pour parler de leurs produits et services, surtout lorsque notre contenu est de qualité. Les réseaux sociaux peuvent nous aider à développer un solide réseau et une forte communauté, à trouver une opportunité professionnelle, à gagner de l’argent, à nous cultiver, à nous instruire, à nous former, à lever des fonds, à faire du personal branding ou à développer des actions de solidarité.
D’un autre côté, il y a un revers de la médaille : le cyber-harcèlement, les campagnes de sabotage, les attaques malveillantes visant à nuire à notre image. Il faut donc faire attention à ce que l’on dit, ce que l’on fait et surtout ce que l’on partage, car tout peut être utilisé contre nous.
Generations224.info : La culture est un vecteur d’identité et de rayonnement. Comment, en tant qu’influenceuse et créatrice de contenus, contribuez-vous à la promotion de la culture de votre pays et à la mise en avant des talents locaux ?
Aïcha Kaporo : Pour parler de culture et d’identité, il faut connaître les éléments qui composent l’identité culturelle de son pays et s’en imprégner. Il faut se former, s’informer et surtout être patriote dans l’âme.
Je me considère comme une ambassadrice non officielle du Made in Guinea et du consommer africain, car j’aime l’excellence et je tiens à valoriser ce que la Guinée a de meilleur. Croyez-moi, notre pays regorge de ressources humaines de qualité qui réalisent des exploits au quotidien. Malheureusement, ces talents manquent de soutien, de valorisation et de visibilité.
Je ressens une immense fierté à chaque fois que je découvre un talent guinéen qui brille et je ne manque jamais une occasion de le partager avec ma communauté. Ceux qui me suivent au quotidien peuvent en témoigner.
Generations224.info : L’image d’un pays repose aussi sur ceux qui en parlent et qui le représentent sur le numérique. Quel rôle pensez-vous que les influenceuses et créateurs de contenus peuvent jouer dans le branding d’un pays à l’international ?
Aïcha Kaporo : C’est amusant, car pour beaucoup, je représente le branding national. Je suis toujours très touchée et honorée d’être perçue de cette manière, car mon amour pour la Guinée est sincère et infini. J’ai toujours voulu servir et être utile.
Mais pour moi, chacun peut représenter la Guinée à son échelle : en mettant en avant sa culture, son art, ses richesses, sa musique, son histoire, mais aussi en se soutenant sincèrement et en bannissant tout sentiment de jalousie ou de division.
C’est d’autant plus vrai lorsqu’on est influenceur ou créateur de contenu, car nous avons une plateforme d’expression et une communauté qui s’étend au-delà des frontières africaines et occidentales.
Nous avons donc une responsabilité : celle de mettre en lumière ce que notre pays a de meilleur. Et comme j’aime à le dire : « C’est la Guinée qui gagne ! ».
Generations224.info : Le numérique évolue rapidement et les tendances changent constamment. Comment voyez-vous l’avenir du métier d’influenceuse et quels conseils donneriez-vous aux jeunes femmes qui veulent se lancer dans ce domaine ?
Aïcha Kaporo : Selon moi, il est crucial de savoir ce qu’on vient chercher ou proposer sur les réseaux sociaux, de connaître sa communauté et de comprendre ce qu’elle aime pour mieux s’y adapter.
Pour se démarquer, il faut créer du contenu de qualité, être original et régulier, être authentique et proche de sa communauté.
On ne peut pas faire l’unanimité, mais pour forcer le respect et avoir un réel impact, il faut maîtriser son sujet, partager ses valeurs et principes tout en respectant ceux des autres, instruire de manière ludique et éviter les polémiques inutiles.
Le monde du digital est vaste, et il faut savoir cibler son besoin et se différencier. L’objectif est que lorsqu’on voit une de vos créations, on sache immédiatement qu’elle est de vous.
Generations224.info : Votre mot de la fin ?
Aïcha Kaporo : À la jeunesse et au peuple de Guinée, c’est ensemble que nous réussirons à faire briller la Guinée. Pour conclure, je reprends une célèbre citation de John Fitzgerald Kennedy, 35ᵉ président des États-Unis : « Ne vous demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour votre pays». Que l’amour, la solidarité, le pardon, le travail, la justice, la bienveillance et la recherche de l’excellence soient nos armes pour une Guinée plus unie et prospère.
Un grand merci à la rédaction de Generations224.info pour m’avoir permis de m’exprimer. C’est la Guinée qui gagne !
Entretien réalisé par Alpha Camara