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Littérature : Kadiatou Konaté ressuscite les héroïnes oubliées de la Guinée dans “Les Mères de l’indépendance”

Kadiatou Konaté, l’une des figures de proue du militantisme pour les droits des filles et des femmes en République de Guinée, passe à une nouvelle étape dans son combat, l’écriture.

À travers Les Mères de la liberté, son premier ouvrage publié aux éditions L’Harmattan, l’activiste devenue autrice redonne vie à des héroïnes de l’histoire guinéenne souvent oubliées. Une suite logique à des années de lutte sur le terrain, de plaidoyer et d’interpellations publiques.

Et si la parole n’était plus suffisante ? Et si écrire devenait un nouvel acte de résistance ? Rencontre avec une jeune femme qui ne se contente pas de revendiquer, Kadiatou documente, transmet et éclaire.

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Generations224.info : Pourquoi cette nouvelle aventure de l’écriture, après tant d’années d’engagement sur le terrain ?

Kadiatou Konaté : En tant que jeune femme militante pour les droits des filles et des femmes, j’ai pris conscience, au fil du temps, de l’importance de s’approprier notre histoire. Il est essentiel de la raconter nous-mêmes pour mieux comprendre la responsabilité qui nous incombe dans la construction de notre pays, mais aussi pour affirmer notre positionnement en tant que militantes. L’écriture s’est imposée comme un prolongement naturel de mon engagement.

Comment expliques-tu le choix du titre Les Mères de la liberté ? Que représente-t-il pour toi ?

 Kadiatou Konaté : On parle souvent des Pères de l’indépendance, des héros nationaux, mais qu’en est-il des mères de l’indépendance ? Des héroïnes nationales ? Le titre Les Mères de la liberté est né de cette réflexion. Il rend hommage à ces femmes qui ont joué un rôle déterminant dans la lutte pour l’indépendance de la Guinée, notamment à travers des actions historiques comme la grève des sexes en 1954. Ce sujet est rarement abordé, pourtant il est d’une richesse inestimable. J’ai voulu le traiter de manière rigoureuse, avec l’ambition qu’il suscite l’intérêt des chercheurs et des lectrices et lecteurs engagés.

Depuis quand ce projet d’écriture était-il en gestation dans ton esprit et dans ton cœur ?

Kadiatou Konaté : Cela fait trois ans que ce projet mûrit. Tout a commencé lors de la préparation d’une interview avec un média international sur le rôle des femmes dans l’indépendance et le développement de la Guinée. En menant mes recherches, je me suis rendu compte qu’il y avait très peu d’informations disponibles, à part quelques figures souvent citées. J’ai commencé à fouiller, à interroger, à collecter. Mais c’est à l’occasion des 72 Heures du Livre que j’ai eu le déclic : j’ai senti qu’il était temps d’approfondir cette question trop peu discutée dans notre société.

Peut-on espérer que ce livre soit le premier d’une série ? Une trilogie en perspective ?

 Kadiatou Konaté : Absolument. Les Mères de la liberté est le premier tome d’un projet plus vaste. J’ai l’intention d’écrire d’autres ouvrages autour du positionnement et de la représentation systémique des femmes, en Guinée et ailleurs. Nous avons besoin de documenter, de rendre visible, de parler de nos réalisations. Trop souvent, les femmes sont reléguées à l’ombre. Il est temps d’éclairer ces chemins, de revendiquer notre place. Ce travail de mémoire et de reconnaissance ne fait que commencer.

Qu’est-ce qui a nourri ton inspiration pour cet ouvrage, et quels grands thèmes y abordes-tu ?

Kadiatou Konaté : L’invisibilisation des femmes dans l’histoire de la Guinée, en particulier leur rôle dans l’accession à l’indépendance, est au cœur de ce livre. J’y aborde la création de l’Union des femmes de Guinée, leur implication dans le PDG-RDA, la symbolique de leurs luttes, ainsi que l’urgence de préserver et de transmettre l’héritage de ces pionnières. C’est un plaidoyer pour mieux honorer nos devancières et renforcer notre place dans la vie politique et sociale d’aujourd’hui.

Face à l’auteure Kadiatou, comment se sent Kadiatou l’activiste ? Les deux visages dialoguent-ils ?

Kadiatou Konaté : En réalité, c’est l’activiste qui a donné naissance à l’auteure. Mon militantisme m’a appris à voir au-delà de ce qu’on nous dit ou enseigne, à remettre en question ce qui est présenté comme une norme. Il m’a donné l’envie de chercher, de comprendre, de transmettre. L’écriture est donc une continuité de mon engagement, un autre canal pour éveiller les consciences. Le premier visage nourrit le second, et les deux coexistent dans une même volonté : celle de lutter, encore et toujours, pour plus de justice et de reconnaissance.

 

Entretien réalisé par Alpha Camara

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