Baptême : quand des prénoms arabes et chrétiens volent la vedette aux prénoms traditionnels africains
Aujourd’hui, du fait du brassage culturel, du modernisme envahissant, de la mondialisation galopante, des parents préfèrent choisir des prénoms qui riment bien avec les valeurs sociétales arabes et occidentales. La plupart des prénoms traditionnels africains sont considérés notamment dans les milieux musulmans comme étant des prénoms non musulmans, donc qui ne sont bons que dans les poubelles. Existerait-il réellement des prénoms musulmans, des prénoms qui de par leur vêtu sont au-dessus des autres ?
Les milieux les plus touchés par ce phénomènes d’abandon des prénoms traditionnels africains en Afrique sont notamment des milieux musulmans, où souvent nombre confondent la religion musulmane à la culture arabe. Pourtant, les deux sont différentes.
Dans les cérémonies de baptêmes musulmans souvent, on entend des imams encourager l’abandon des prénoms traditionnels africains au profit des prénoms arabes qu’ils appellent des prénoms musulmans. Savez-vous par exemple que le prénom Aboubacar ou Abou Bakr signifie « petit chameau » ? Savez-vous encore que le prénom Abdul ou Abdoul signifie « serviteur d’Allah » ? Hassan, veut dire « beau », « joli » ? Savez-vous également que le prénom arabe Ibrahim signifie « père de la foule » ou « père du peuple », le prénom Jamal veut dire « beau » ? Savez-vous que l’équivalent du prénom Jamal chez les Malinkés par exemple, c’est Gnouma qui signifie aussi « beau ou belle » ?
En quoi réellement ces prénoms arabes que certains appellent pompeusement des prénoms musulmans diffèrent-ils de ceux du grand berceau de l’humanité ? En quoi sont-ils mieux ou plus resplendissants que les nôtres ?
Un vieux dicton nous enseigne : « L’ignorance est plus obscure que la nui. » Savez-vous que Khalil signifie « grandeur et supériorité », Omar veut dire « celui qui a une longue vie » ? Savez-vous que Said signifie « chanceux » et « heureux », Mohamed veut dire « celui qui mérite d’être loué » ? Savez-vous aussi que Fatima signifie en arabe « unique » ou « jeune fille singulière » ? Savez-vous également que le prénom Aïcha signifie « vivant » ?
Savez-vous par exemple que chez les Malinkés Tounko est un prénom qu’on donne à une fille née après le décès de son père ? Savez-vous que Gnamakoro traduit la personnalité docile et patiente comme la terre d’un enfant prénommé ainsi ? Savez-vous que chez les frères peuls le prénom Samba signifie « deuxième fils » ? Savez-vous que Gnalen ou Sira en milieux malinkés, signifie la première fille de la famille ?
Noirs de par la peau, tourmentés dans l’esprit, perdus dans les valeurs étrangères humiliantes, voilà ce que nous sommes.
Des guinéens se gênent de porter aujourd’hui des prénoms du terroir comme Kéyan, Farankouma, Nassady, Makoto, Kolonkan, Sounoukoun, Kamba, Gnamakoro… Tristement, on préfère donner des prénoms arabes et chrétiens à nos enfants.
Autrefois, des prénoms attribués aux enfants reflétaient souvent leur jour de naissance. Les circonstances de cette naissance influencent le choix des parents.
L’islamisation des régions guinéennes ont pour conséquence la disparition progressive des prénoms traditionnels guinéens. Aujourd’hui, seule la Guinée-Forestière reste encore attachée à cette valeur en Guinée. Là au moins, les noms du terroir sont encore préservés et combinés avec ceux du Christianisme. Ils ne se gênent pas du tout, dans ce sens, et n’ont jamais abandonné cela. Dans le nom « Fara Gilbert Kamano » par exemple, le premier « Fara » est le nom du terroir, qui signifie le quatrième fils et « Gilbert » est occidental, donc un nom de baptême chrétien. Il en est ainsi chez tous les Forestiers chrétiens en Guinée.
Paradoxalement, chez les Malinké, les Peul et les Soussou, les prénoms du terroir sont abandonnés au profit de ceux des Arabes. Oui, la plupart des parents musulmans de nos jours sont enclins à choisir des prénoms arabes pour leurs enfants.
𝐒𝐚𝐲𝐨𝐧 𝐌𝐀𝐑𝐀, 𝐉𝐮𝐫𝐢𝐬𝐭𝐞