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Jeunesse Guinéenne, notre responsabilité face à l’histoire (Tribune)

Le 02 octobre, date anniversaire de l’accession de notre pays à l’indépendance est toujours et à juste titre, une journée de célébration pour tous les Guinéens. Pour moi, en plus du sentiment profond de gratitude et de reconnaissance envers la génération des pères de l’indépendance, cette journée est une occasion pour réfléchir sur le présent et sur l’avenir de notre belle nation.

Une indépendance historique arrachée par une génération d’héros 

C’était une matinée ensoleillée, teintée d’une effervescence populaire indescriptible, que l’honorable Saïfoulaye Diallo proclama le 02 octobre 1958, l’indépendance de notre beau pays. Cette proclamation qui mettait ainsi fin au drame humain que subissait notre peuple, était l’aboutissement d’une lutte sans relâche d’une génération qui a su prendre ses responsabilités. En dépit du multipartisme intégrale, des divisions politiques et communautaires apparentes, contrairement à la génération d’aujourd’hui, les Guinéens ont su transcender leurs particularités quand le destin de leur pays était en jeu en 1958. Barry III du Parti Socialiste et Barry Diawadou du Bloc Africain de Guinée (BAG) avaient alors refusé de faire le jeu de l’administration coloniale en acceptant de rejoindre le mouvement initié par le PDG-RDG de Ahmed Sékou Touré pour l’indépendance nationale. Le résultat des urnes était sans appel. La République de Guinée était née.

Hadja Mafori Bangoura, Mamady Sagno, Moussa Sandiana Camara, N’Famara Keita, Soba Keira, Mariame Sultan, Saifoulaye Diallo, Ahmed Sékou Touré (pour ne citer que ceux-là) ne sont pas morts pour rien. Eux, ils ont fait ce qu’il fallait pour leur pays. Ils ont accompli leur mission : « Arracher notre indépendance des jougs d’un colonisateur ‘’surpuissant’’ ».

Remettre en cause le bien fondé de notre accession à l’indépendance à travers les réseaux sociaux aujourd’hui, comme le font certains dans le confort d’une liberté recouvrée, est un comportement qui déshonore la lutte et le sacrifice de ceux qui se sont battus pour que nous soyons libres. Nous leur devons tous, en dépit des erreurs qu’ils ont commis une dette que nous ne pouvons payer !

Chaque génération a une mission, l’accomplir ou la trahir est de sa responsabilité   

Comme nation, je crois que nous avons un travail ‘’sérieux’’ de mémoire à faire sur notre propre histoire. Embrasser notre passé, tirer les leçons qui s’imposent et se tourner vers la construction de notre avenir, seraient un choix judicieux pour notre pays. C’est pourquoi, je trouve inopportun aujourd’hui de ‘’continuer’’ à condamner nos devanciers pour les erreurs passés si nous ne faisons rien pour éviter de les répéter.

Notre génération doit comprendre que la Guinée, notre pays, est une terre bénie des Dieux. Je connais peu de pays dans le monde qui ont autant de concentration de ressources sur un si petit espace territorial. Qu’elles soient minières, agricoles, hydrographiques, ou même énergétiques, le ciel nous a doté. C’est un fait. Prenons un autre fait, le nombre de population qui est de 13 millions est inférieur à la population de certaines villes dans d’autre pays comme Lagos au Nigeria (15 millions). Si on fait le ratio ressources et nombre d’habitants, le potentiel de développement de notre pays est exponentiellement élevé. Ce n’est pas de la politique, ce n’est pas de la théorie. C’est un fait. Au lieu de rester dans des positions antagoniques clivants, souvent pour des raisons communautaires sur presque tous, notre génération ferait mieux de se concentrer sur ce que je considère être ‘’notre mission’’ : le développement de notre beau pays.

Aucun parmi la génération de 1958 n’avait de grands diplômes. Ils étaient de jeunes gens âgés de 33 à 40 ans tout au plus. Pourtant, ils ont accompli l’impossible pour leur pays. Je crois fermement que notre génération, avec nos grands diplômes, nos expériences de voyages et notre ouverture sur le monde, a les moyens de faire mieux. Nous pouvons créer un avenir radieux pour notre nation. Pour cela, nous devons être plus exigeants. Nous devons questionner les offres des personnalités et des leaders qui souhaitent nous diriger. Ce qui signifie qu’en choisissant des leaders, cherchons les meilleurs profils parmi les filles et fils de la nation. Dans ce choix, nous devons absolument mettre en avant, les critères d’intégrité, d’honnêteté, de travail, et de sacrifice de sois au service des Guinéens. Bref, choisissons sur la base de leurs compétences, les meilleurs Guinéennes et Guinéens. Sortons des calcules communautaires. Notre pays a besoin de tous ses enfants, mais seule la compétence couplée d’un patriotisme sincère peut relever les défis auxquels nous sommes confrontés. Ça ne sera ni une communauté, ni un individu. Apprenons à suivre les hommes à cause des valeurs qu’ils incarnent, notre avenir en dépend.

Je suis conscient sur le fait que cette vision est un idéal. Je sais aussi que cette façon de voir les choses est aujourd’hui minoritaire dans notre pays. Pour autant, je préfère m’accrocher au combat pour le triomphe de cet idéal que de suivre des partis ou des groupes de personnes sur des bases communautaires pour des questions qui engagent le destin de notre pays.

Je crois en ma Guinée et je suis convaincu qu’un jour, cet idéal triomphera.

Bonne fête d’indépendance à tous !

Djibril Sano

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