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Johanna Barry, présidente du COMIGUI : « je n’ai pas soumissionné parce que c’était une mise en scène » (Interview)

L’annonce de l’organisation du concours national de beauté, Miss Guinée attribuée à la structure KPAAF par le Ministère de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat au détriment du COMIGUI de Johanna Barry continue de défrayer la chronique. Dans une interview qu’elle a accordée à notre rédaction, Johanna Barry dénonce la tentative du département de la Culture, dirigé par Alpha Soumah, de lui retirer l’organisation du concours Miss Guinée au profit de la structure KPAAF. Elle soutient que Sanoussy Bantama Sow continuerait de tirer des ficelles. Elle a mis l’occasion à profit pour faire des révélations croustillantes sur l’ex-ministre en charge de la Culture sous Alpha Condé. Elle estime que le département de la Culture veut profiter d’un vide juridique pour lui retirer l’organisation du concours de beauté, Miss Guinée.

Pourquoi le comité Miss Guinée (COMIGUI) que vous dirigez n’a pas soumissionné à l’appel d’offres pour l’organisation du concours Miss Guinée ? 

Johanna Barry : Je n’ai pas soumissionné parce que je savais d’avance que c’était une mise en scène. C’est une mise en scène simplement pour donner aux femmes de KPAAF. Je vous dis que ce monsieur Bantama de là où il est, le vrai ministre de la Culture c’est lui jusqu’à présent. Ça, je le dis et je le réitère parce que comment expliquer qu’il y ait cinq (5) postulants et qu’on choisisse deux. Et que la deuxième soit quelqu’un de professionnel, qui s’y connaît, avec tout ce qu’il faut comme moyens financiers. La personne me l’a dit, on était obligé d’échanger parce que quand elle m’a dit qu’elle est désolée, elle ne savait pas dans quoi elle tombait. Elle a dit que quand elle a vu le résultat qu’elle a dit qu’il y a un souci.

Vous voulez parler de Salimatou Sacko du groupe SaKom ? 

Johanna Barry : J’ai eu à rencontrer une qui a postulé et pas des moindres. Même si on lui donnait, elle m’appelait pour bosser ensemble, j’allais bosser avec elle. Elle était au complet. Elle m’a dit avec tout ce que j’ai donné comme argument, on prend et on le donne à ces femmes, je suis tombée des nues. C’est (Salimatou Sacko) une professionnelle en la matière. Elle était écœurée. Elle a demandé à me rencontrer. Elle m’a dit que c’était scellé d’avance. Elle a dit qu’elle regrette pourquoi elle est allée dans ça. J’ai appris que ces femmes de KPAAF étaient au Bronx pour se chercher. C’est dans le Bronx qu’elles étaient amies avec M. Bantama. Dès qu’il a été installé, il leur a dit de venir.  Moi, je ne peux pas me faire hara-kiri. Si je postulais, c’est comme si je validais. C’est un truc qui n’est pas normal. Ce n’est pas leur cahier des charges. Ils n’ont pas le droit de faire un appel d’offres (…).  Nous sommes un concours national mais, une entité privée. Dans le monde entier, ce sont les associations qui organisent ce concours.  L’État accompagne s’il le veut. Mais il ne gère pas. Miss Monde est une association qui existe depuis 71 ans. Miss France a 103 ans aujourd’hui, c’est privé, c’est une société. Miss Monde est une société. En Côte d’Ivoire, ça fait 30 ans, c’est privé. Tous les comités, ce sont des associations ou des ONG. C’est privé mais, ça travaille sous la coupole de l’État. Soit le Tourisme, soit le ministère de la Culture.

J’ai un arrêté qui le dit. Ça permet de travailler. Ce sont des partenariats techniques que je fais avec le ministère de l’Action sociale, le ministère de la Jeunesse. C’est écrit et c’est clair.

Sous le régime d’Alpha Condé, Sanoussy Bantama Sow qui était ministre de la Culture avait lui aussi attribué l’organisation du concours Miss Guinée à la structure KPAAF. Comment avez-vous compris ce choix à l’époque ?

Johanna Barry : Le litige avec M. Bantama, c’est depuis très longtemps, c’est depuis 2012. C’est une question d’homme et de femme. Ça, c’est clair et net. Quand j’ai fini mon édition de 2019, j’ai tenté de le rencontrer. J’ai fait tout pour présenter les filles. Un jour, je reçois un papier où on me dit dorénavant, on va confier l’organisation à une autre structure. Je lui ai écrit pour dire que je voulais avoir une audience. Ils m’ont dit de venir. Je suis venue avec mon équipe. Je lui ai dit Koto, je ne comprends pas. Notre contrat, c’est deux ans. J’ai même tenté de vous avoir plusieurs fois mais, vous n’avez pas décroché. J’ai demandé une audience pour vous présenter les filles. Il a dit, tu ne fais pas ce que je veux. Tu refuses de faire ce que je veux. J’ai dit, je refuse de faire ce que vous voulez, c’est-à-dire ? Expliquez parce que vous êtes le ministre. J’ai fait un rapport d’activité, je l’ai remis à votre secrétaire général, M. Isto Keïra dans lequel, j’ai parlé de tout. Non, je ne l’ai pas reçu. Tu ne fais pas ce que je veux. Dorénavant, j’ai une équipe qui va organiser maintenant, plus professionnelle que toi.

Qu’est-ce qu’il (Bantama Sow) voulait,  lui ? 

Johanna Barry : D’abord, Mariame Diallo, Miss CEDEAO. Voilà une fille qui en a bavé avec M. Bantama. Voilà quelqu’un qui se permettait de l’appeler la nuit. Déjà, quand elle était dauphine, il (Bantama) commençait. C’est une dauphine qui a été Miss CEDEAO. Quand on est revenues de Miss CEDEAO, l’accueil, ça m’a tellement sidéré. Une voiture, une limousine et tout. Je me suis dit ah, c’est l’État qui fait ça ? C’est incroyable, c’est super. Elle (Miss CEDEAO) était dans la voiture et tout ça. Le ministère de la Culture était là. Il (Bantama) s’est tracé un chemin, il est arrivé. C’est lui-même qui ouvrait le toit ouvrant. J’ai dit ah lui aussi (Bantama), il est là. J’ai dit Excellence, il a dit oui, vraiment, on était contentes. On finit tout et on est reçues par Mme la Première Dame. Après, je viens, j’installe Mariame (Miss CEDEAO) ici parce que j’étais à ce bâtiment. Pour sa popularité, il fallait la sécuriser (…). Chaque fois, elle en bavait. Un jour, elle m’a dit qu’elle est fatiguée. J’ai dit de quoi ? Elle a dit, dis à ce monsieur là de me foutre la paix, de me laisser tranquille. Elle parlait de M.Bantama Sow qui l’appelait. Où tu es ? Est-ce qu’on peut se voir ? Tu me plais. On peut faire un enfant ? A chaque fois qu’elle me le disait, je disais, mets la balle à terre. C’est un ministre, tu me laisses faire. Elle me dit non, je suis fatiguée. Elle avait une façon de l’appeler, Napol. Comme il (Bantama) est tout petit, genre Napoléon. Dis à Napol de me foutre la paix. Je me suis mise debout. J’ai fait une barrière. Ça, c’est quand il était ministre de la Jeunesse.

Quand il a été nommé en charge de la Culture, j’ai eu des frissons. J’ai eu des pressentiments. Les gens m’ont appelée pour dire que c’est notre frère qui est là-bas, c’est ton cousin. J’ai dit eh, ne criez pas victoire. Je sens quelque chose qui ne va pas aller parce que moi aussi, j’ai été victime de ça. Il m’appelait en Pular pour demander où tu es, on peut se voir ? J’ai dit non, tu es mon frère. Oui M. Bantama Sow, il est venu vers moi, il a tenté mais, ce n’est pas allé loin. J’ai montré qu’il y a une limite. C’est un frère. Je préfère le prendre comme ça pour que le courant passe. Est-ce que vous pouvez me voir en train de me pavaner avec une autorité sachant que j’organise un concours où on parle de moralité. Il y a un souci. Et ce n’est pas fini. Il (Bantama) a jeté son dévolu sur Asmaou Diallo. Asmaou Diallo est revenue de l’Afrique du Sud avec une couronne. J’ai tout fait pour qu’il puisse la recevoir. Il (Bantama) nous reçoit effectivement avec 40 journalistes. La fille (Asmaou Diallo) est venue s’asseoir. Il a dit ça va bien ? En tout cas bravo. La petite a profité pour dire je demande un soutien de votre part, je dois aller à Miss Monde. Cette fois-ci, c’est en Chine, Miss Monde 2017. Il (Bantama) dit OK, fais le devis et tu remets au secrétaire général. J’ai dit Excellence, merci beaucoup. On fait le devis et on le remet à M. Isto Keïra. M. Isto reçoit le devis. Une semaine, deux semaines, trois semaines, la petite ne voit rien. J’ai dit ah, c’est compliqué cette affaire. On demande à M. Isto, il dit que le monsieur (Bantama) n’a pas donné son aval. Quelques jours après, elle (Asmaou Diallo) a appelé une de mes collaboratrices pour se confier. Elle (Asmaou Diallo) dit ah, le ministre m’a appelée, il veut savoir où j’habite. M. Bantama a appelé la petite (Asmaou Diallo) pour savoir où elle habite. Elle a dit, là où je suis, je vis en famille, je ne reçois pas. Le règlement du comité l’interdit. Il (Bantama) a dit ah bon ? Il a coupé. Après, il y a un de ses éléments, un des éléments du ministère qui a trouvé chez elle (Asmaou Diallo). La petite est là, elle peut témoigner. Elle travaille dans une société minière. Elle est autonome. Celui-là (Bantama) est parti jusqu’à garer devant sa porte. Oui allô, oui, c’est moi tel, il faut sortir, je suis devant ta porte. Je suis venu te voir. Dis-moi, est-ce que le comité s’occupe bien de toi ? Elle dit oui, on s’occupe bien de moi. D’abord, j’ai touché ma prime, je fais mes voyages et tout. Je suis reconnue pourtant, j’ai été élue de façon difficile (…). Elle est sortie et a dit, quitte devant ma porte s’il te plaît, il ne  faut plus revenir ici. Ah d’accord, je voulais seulement savoir si le comité s’occupe bien de toi.

Le résultat de maintenant là, j’ai dit à madame Salimatou de SaKom que c’était peine perdue depuis longtemps. Qui dit M.Bantama, dit M. Bill de Sam, avec ces femmes de KPAAF là au milieu. C’est un lien sacré qui existe depuis des années (…).

Votre talent et votre courage sont reconnus au-delà des frontières guinéennes et par de nombreux hommes de culture. Pendant ce temps, vos détracteurs vous accusent de mal gérer le parcours des Miss. Que leur répondez-vous ? 

Johanna Barry : Les filles (Miss) sont là ok?. Il y en a qui sont à l’extérieur. Elles sont toutes épanouies. Quand on me parle des filles, qu’on me précise de laquelle ils’agit. Qu’on me sorte ces preuves là. Qui est mal gérée ? Les trois Miss sont gérées par le comité. Et il y a un règlement. Soit elles le respectent, soit elles sont sanctionnées. C’est comme ça partout. Aucune fille ne peut se plaindre ici. La preuve, je les gère avec leur famille. Dès qu’elles sont élues, je prends attache avec la famille. Il y a un contrat de bonne conduite qui nous lie. Si tu acceptes, tu signes. Et quand tu signes, il y a toujours un parent à côté. Mariame Diallo, Condé Fatoumata, toutes ces filles sont venues avec leur famille pour s’inscrire et tout (…). Quand il y a un programme avec le COMIGUI, ça se passe très bien. Mariame est aujourd’hui à Manhattan. Elle est mannequin là-bas, elle étudie. Saran qui a été à Miss Monde, c’est une fille qui a été mal gérée ? La preuve, même le président s’est impliqué pour la soutenir. Elles vivent leur vie, elles ont des projets, ça voyage. Je suis en contact permanent avec elles. On évite qu’il y ait des casseroles derrière. Dans les règlements de tous les comités du monde, c’est comme ça que ça se passe (…). Quand elles sont dénudées, mal habillées ou quand elles apparaissent mal, tout, ça, on sanctionne. Nous sommes quelque part des éducateurs. J’ai fait 14 ans de concours. Il y en a qui sont mariées aujourd’hui et qui ont des enfants. Il y a une qui était mariée à Monsieur Issa Camara (paix à son âme). Ce monsieur m’a toujours dit vraiment merci, paix à son âme. J’ai eu une bonne femme. D’autres sont aux États-Unis. Safiatou Baldé est là. Elle est communicatrice. Asmaou est là. Elle a son association. Allez les voir. Elles ont respecté tout ce qu’on leur a dit. Et quand elles sortent, elles sortent par la grande porte. [La 3è et dernière partie à venir).

 

Source : Mediaguinee

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