La Guinée célèbre la Journée Internationale de l’Artisanat sous le sceau des cris de coeur et de l’espoir
Le Palais du peuple de Conakry a abrité ce lundi 10 juin, la Journée Internationale de l’artisanat, sur initiative de la Fédération Nationale des Artisans de Guinée.
Placée sous le thème : Artisanat, levier de Développement Économique et maillon fort de la Refondation de l’État, cette manifestation a connu la présence de quelques membres du gouvernement notamment, le ministre de la culture, du tourisme et de l’artisanat.
Dans le pays de Ansoumane de Binari, premier sculpteur du masque Nimba, la Journée Internationale de l’Artisanat a connu un florilège du savoir-faire guinéen, en matière d’artisanat et dans toute sa diversité.
L’occasion a été mise à profit par Amara Toyré, porte-parole des artisans de Guinee, pour égrainer les difficultés rencontrées par ses compères : “aujourd’hui, notre première difficulté est le manque de soutien de l’État, le manque d’organisation pour l’obtention de nos matières premières. Nos matières premières sont souvent banalisées et très difficiles à obtenir. Le financement nous manque beaucoup et l’État ne fait pas suffisamment d’efforts pour valoriser ce que nous faisons, contrairement à d’autres pays. Spécifiquement, dans la menuiserie, 95 % du bois utilisé vient de la forêt et ce bois est difficile à obtenir malgré sa présence sur le marché à un prix exorbitant. Le gouvernement ne fait aucun effort pour harmoniser les prix, tout est laissé à la merci des vendeurs de bois. Dans la cordonnerie, par exemple, la principale matière première est la peau de bœuf qui est difficile à obtenir. Nous devons envoyer les peaux au Burkina Faso ou au Mali pour les traiter avant de pouvoir les utiliser. En bijouterie, l’or, une matière première essentielle, est également très difficile à obtenir ici. Nous ne nous découragerons pas, nous continuerons à nous battre jusqu’à ce qu’il y ait un changement” avant d’attirer l’attention sur la démarche bancale de sa Fédération : “un autre grand problème est la fédération. La FENAG devrait se battre beaucoup plus pour les artisans auprès du gouvernement et des institutions internationales mais cela n’est pas encore fait”.
Pour sa part, Moussa Moïse Sylla, ministre de la Culture, du Tourisme et de l’Artisanat, est revenu sur le rôle sociétal de l’artisanat.
“L’artisanat joue un rôle crucial dans la refondation de notre État en renforçant la cohésion sociale. En promouvant nos savoir-faire traditionnels, nous favorisons l’inclusion économique des jeunes et des femmes, souvent marginalisés en les intégrant ainsi dans le tissu économique national et contribuons à la préservation de notre patrimoine culturel, tout en créant un avenir plus inclusif et prospère pour tous”.
Poursuivant, le ministre Moussa a fait comprendre que l’artisanat fait partie des points qui retiennent l’attention du Président de la République et à l’engagement du Gouvernement. A ce titre, le département a lancé plusieurs chantiers parmi lesquels nous avons les projets de construction de Villages artisanaux dans les chefs-lieux des régions administratives, notamment à Kindia, Labé, Lola pour N’Zérékoré, Faranah, Kankan et Boké. “Ces projets sont conçus pour répondre aux besoins des artisans en termes de production, de formation, d’exposition et de commercialisation de leurs produits. De plus, un Centre artisanal pilote est prévu à Conakry, marquant une étape importante dans la structuration et la modernisation du secteur. Pour assurer la réalisation rapide et efficace de ces projets, des mesures ont été prises en collaboration avec l’Administration et le Contrôle des Grands Projets (ACGP), incluant l’amélioration du suivi et de l’évaluation des travaux. Ces Villages artisanaux sont conçus pour offrir aux artisans des débouchés pour leurs produits, favorisant ainsi la création d’emplois, la production de valeur ajoutée et la promotion du « Made in Guinea ». Le Chef de l’État, le Général de Corps d’Armée Mamadi Doumbouya, a donné des instructions précises concernant la formation des jeunes à travers ces Villages artisanaux, afin de préserver les anciennes traditions artisanales du pays. Cela contribue à améliorer la qualité et les compétences commerciales de nos artisans, en particulier celles des femmes, tout en favorisant la création d’emplois, renforçant ainsi le vivre-ensemble grâce au partage du génie créatif artisanal guinéen », a-t-il précisé.
A.C