LABE- Sékouba Fatako Kouyaté est une icône de la musique pastorale guinéenne en général. Le troubadour moderne comme on l’appelle, a laissé derrière lui un héritage musical intemporel. Avec son premier album à succès retentissant « Sa yata yéto », il fait partie du groupe d’artistes ayant fait exploser la musique poular. Près de 15 ans après sa mort, Africaguinee.com lui consacre un dossier spécial. Dans cette première partie, nous parlons de ses débuts. Comment est-il sorti de l’ombre ? Quels sont les thèmes fétiches abordés dans ses chansons ?
Cet éminent artiste est né en 1961 dans la commune rurale de Fatako (Tougué), précisément dans le village de Sou-Kono ou So-Kono qui signifie littéralement (dans la ville en langue DIAKANKE et Maninka). Tout au long de sa carrière, il a concentré ses chansons autour de trois thèmes centraux : l’amour avec des digressions sur la vie de couple, l’aventure et la mort.
Décédé en 2011 à l’âge de 50 ans, Sékouba Fatako Kouyaté est le fils de Djely Tibabou Kouyaté et Ngan Mbalou Fatako. Il a connu plus d’une décennie de bal-poussière dans son Tougué natal et environs avec une équipe réduite et des instruments de musique rudimentaires, avant de connaître une ascension fulgurante. C’est avant ses 20 ans qu’il a été piqué par le virus de la musique. Il « brulait d’envie d’être chanteur auprès des oncles maternels et de ses cousins », confie un de ses proches.
« Fatako à Kolima, c’est Aragon à Bercy ».
Depuis, sa voix a vite pris son envol sous la composition orchestrale des proches qui le protègent. C’est entre 1989 et 1990 que Sékouba a eu la chance de se produire sur scène à Labé. Mamadou Adama Baldé dit Gordon, également de Tougué, est celui qui a sorti pour la première fois Fatako de l’ombre de la campagne, pour ses premiers pas à la ville de Labé où il laisse une marque indélébile au palais de la Kolima avec le fameux slogan : « Fatako à Kolima, c’est Aragon (un orchestre cubain) à Bercy ».
Le centre d’intérêt de la musique de l’artiste Sekouba Fatako a tourné autour de trois cycles de vie (la mort, l’amour et l’aventure). L’homme de Fatako brise certains codes en employant dans ses chansons des expressions souvent jugées « osées ». Il a connu un véritable succès auprès des femmes et des jeunes durant toute sa carrière musicale.
Comment Fatako est sorti de l’ombre ?
Tout est parti d’un « défi » entre Adama Baldé Gordon et un amoureux des artistes pastoraux. Après une sortie ratée d’un autre artiste, faute d’instruments adéquats, au palais de la Kolima (Labé), Gordon a annoncé au public qu’ils ont un artiste au village qui peut faire mieux.
Les jours qui ont suivi, Adama en métronome, embarque à bord d’un un camion pour rallier Tougué. Mais il est abandonné à Tangaly. Ce qui le contraint à faire le reste du tronçon à pied pour aller convaincre Sékouba de venir à Labé. Hésitant au début, le fils de Soukono finit par accepter la proposition. A la maison des jeunes de Labé, le concert tient toutes les promesses au point que les organisateurs trouvent nécessaire d’organiser un deuxième spectacle. Il finit par faire le tour des autres sous-préfectures de la région, loin de son Tougué natal. Il termine le périple par un spectacle au palais de la Kolima à travers lequel, il a mobilisé plus qu’on ne pouvait imaginer. A partir de là, Sékouba Fatako s’impose, son étoile brille, son talent de musicien n’est plus à démontrer. L’écho de ses chansons résonnent au-delà de la région.
L’auteur de ‘’Gaburu Koɗo luggataa’’ (la tombe de l’étranger ne sera jamais profonde’’ et de « Sa Yaata yeetolan’’ (si tu ne vas pas, dis-moi) pose ses valises à Conakry vers les années 1996 pour se faire connaître à la Cantine à Matoto CBG, grâce au soutien indéfectible des ressortissants de Tougué à Conakry. Il rencontre Jean-Baptiste Williams, un ancien journaliste-animateur, musicien, guitariste soliste…chef d’orchestre et cofondateur de Camayenne Sofa, pour le tout premier entretien à RTG Boulbinet. Finalement, Justin Morel Junior, journaliste et éminent homme de culture, lui ouvre la voix pour son premier album.
Ce dernier révélait en 2008 dans un article paru sur afrisson que pour chanter « Sa yata yéto » qui deviendra le titre éponyme de l’album, il avait fait isoler Sékouba Fatako dans la salle de bain, pour éviter certaines interférences sonores. « Incroyable, mais vrai ! ».
Sékouba Fatako Kouyaté effectue finalement une tournée mondiale qui le conduit partout en Afrique, en Europe et aux Etats-Unis grâce à un certain Alpha Dansoko sous le couvert de qui, il a pris part au featuring « leader de Guinée ». Dans nos prochaines parutions, nous vous livrerons un témoignage inédit de M. Adama Baldé, un des métronomes qui a contribué à propulser Sékouba Fatako dans sa carrière musicale.
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